Billet #1 -
Carnet de bord
"Créalecture est un bien commun"

Bonjour,
Comme prévu, nous vous faisons ici un premier billet concernant l’évolution de Créalecture en tant que futur bien commun. Dans cet article, vous allez découvrir dans un premier lieu ce qu’est un bien commun notamment dans le monde culturel, les enclosures (les barrières qui permettent l’accès à la lecture et aux livres de manière égalitaire pour tous) et enfin, comment fonctionnent économiquement la plupart des plateformes collaboratives privées.
Un bien commun culturel, qu'est-ce que c'est ?
Les biens communs existent depuis la nuit des temps. En effet, notre planète est un bien commun dans le sens que la Terre nous appartient à tous. Nous devons veiller à ce qu’elle se porte bien au risque de la faire disparaître. Depuis les origines, les hommes se partagent ses ressources pour vivre. A lui de veiller à faire en sorte que la Terre puisse se renouveler pour qu’il puisse la réutiliser à nouveau.
En 1989, suite après un certain nombre d’événements, Tim Berners-Lee crée le Web qui est une composante d’Internet. Il permettra à plus de 6 milliards d’internautes de surfer sur le net en 2022. Cette prouesse est due au fait qu’il a imaginé le Web comme étant libre, c’est-à-dire, accessible à tous.
Toutefois, même si on accède au web à partir d’une connexion Internet (d’une borne public ou privé qui fournit en général du wifi qu’on utilise le plus souvent avec un terminal mobile (smartphone, tablette, etc.)). Dans le monde du livre, en 1995, un petit nouveau arrive sur le marché du Livre. Aujourd’hui, trop bien connu, il s’agit d’Amazon. En moins d’une dizaine d’années, la plateforme deviendra la principale librairie au monde au détriment des petites librairies indépendantes. Sur le plan de l’accès à l’information, il faudra attendre 2004 et l’arrivée de Google. Si ces deux plateformes rentrent dans le cadre de GAFAM (Google Amazon Facebook Apple et Microsoft), le monde culturel n’est pas dépourvu de biens communs notamment dans le monde du livre. Les plus connues, pour être publiques et de proximité, sont les bibliothèques et les réseaux de bibliothèques ainsi que des structures privées comme Atramenta, Des livres en commun et dans le monde scientifique : Open édition. Ces dernières permettent notamment la participation active et collaborative de membres de la communauté physique ou virtuelle.
Le modèle économique des plateformes collaboratives et culturelles en ligne
Le but des plateformes collaboratives est de faire en sorte que leurs utilisateurs restent le plus longtemps possible sur celles-ci. C’est ce qu’Yves Citton appelle “l’économie de l’attention“. A cela s’ajoute, le fait que les plateforme collaboratives incite leurs utilisateurs à composer et à publier leurs propres contenus sur celles-ci afin notamment de faciliter l’échange. Cette double interaction a été nommée par Dominique Cardon et Antonio Casilli : le digital labor. Ce dernier permet la production de nouvelles données jusqu’à lors inédite.
Pour se financer, les plateformes collaboratives et culturelles en ligne, qu’elles dépendent ou non de l’économie sociale et solidaire (ESS, économie des biens communs) s’appuient sur plusieurs stratégies :
- le freemium en se rémunérant de la publicité et de la revente des données personnelles des utilisateurs qui voient apparaître toujours des publicités sur les mêmes produits dans leur boîtes mail. Ce qui les incite à ne pas s’ouvrir culturellement. Ex dans le domaine du livre : Babelio;
- le freemium avec pub et le premium sans pub comme dans Wattpad;
- les plateformes ayant un service de base gratuit avec des services plus approfondis comme dans Créalecture;
- les plateformes fonctionnant avec des dons comme dans Wikipédia.
Les enclosures des biens communs culturels
Dans le domaine du libre, les enclosures sont tous les éléments qui empêchent le bon accomplissement du bien commun. Dans le monde du livre, ce sont, par exemple, les DRM (Digital Rights Management). Les DRM sont des techniques employées pour sécuriser les conditions d’accès et d’utilisation d’un livre au format numérique comme l’indique le Journal du net. Pour que vous compreniez cela, je vais prendre deux exemples concrets. J’acquis deux livres : l’un publié chez Gallimard qui applique les DRM d’Adobe (la suite Adobe : PDF, in design, illustrator, etc…). Résultat, je n’ai pas pu lire ce livre sur ma vieille tablette car son système d’exploitation est désuet pour supporter l’application Adobe. Par contre, j’ai également acquis un autre livre chez l’Harmattan qui n’utilise pas de DRM et je peux lire ce livre sur ma tablette.
Dans le cadre de la diffusion (promotion du livre auprès des différents lecteurs concernés) passe désormais par l’un des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) qui est Amazon, comme l’explique Expodif.fr . Cette plateforme a acquis le monopole de la prescription littéraire en une trentaine d’années. Désormais, la plupart des auteurs cherchent à obtenir le maximum d’étoiles pour leurs livres sur Amazon. Cela serait la reconnaissance de la qualité leur travail littéraire et éventuellement la chance que leur livre soit le plus vendu possible. Or, il existe bien autres possibilités de valoriser un livre. Plus enrichissantes qu’un simple vote à partir d’étoiles. Ainsi, il est possible de mettre en avant un livre par le biais de l’animation littéraire (atelier lecture, écriture, etc…) qui permet à tous d’apprendre, de se cultiver et de pratiquer un véritable donnant-donnant.
Ce qui est proposé dans le domaine des biens communs n’est pas forcément gratuit et totalement en accès libre. Les lecteurs doivent comprennent que la création artistique, culturelle et littéraire a un coût notamment humain qui doit être rémunéré car cela représente un travail à part entière. En prenant l’exemple, des livres tombés dans le domaine, ces derniers deviennent accessibles à tous sans enclosures. Il est facile de mettre à disposition de tous des livres tombés dans le domaine public mais il est beaucoup moins de les valoriser. Comme dans une bibliothèque, le but est de faire vivre les livres et non de créer une cathédrale de livres rangés dans des rayons et qui ne sortiront jamais. Créer des animations littéraires est un travail de médiation culturelle qui doit être récompensé d’une manière ou d’une autre.
Cette rénumération est déterminée par la structure dans laquelle travaille le médiateur culturelle. En auto-entreprise, il s’agit de ses bénéfices. En tant que salarié d’entreprise ( SAS, SARL), il s’agit d’un salaire. Dans le cadre d’une SCOP ou d’une SCIC, le statut du/de la médiateur/trice culturel/le dépend de son statut dans l’entreprise : président ou président-salarié, associé ou encore salarié.
La bibliographie
- « Atramenta ». Atramenta, https://www.atramenta.net/. Consulté le 17 avril 2022
- « Des livres en commun : premier appel à projet ». Framasoft, Framasoft, 5 janvier 2022, https://framablog.org/2022/01/05/des-livres-en-commun-premier-appel-a-projet/.
- L’économie de l’attention – Yves Citton. www.youtube.com, https://www.youtube.com/watch?v=6_YrUtmpB7I. Consulté le 17 avril 2022.
- Severo, Marta, et Olivier Thuillas. « Plates-formes collaboratives : la nouvelle ère de la participation culturelle ? » Nectart, vol. 11, no 2, juin 2020, p. 120‑31. www.cairn.info, https://www.cairn.info/revue-nectart-2020-2-page-120.htm.
- OpenEdition: four platforms for electronic resources in the humanities and social sciences: OpenEdition Books, OpenEdition Journals, Hypotheses, Calenda. https://www.openedition.org/. Consulté le 17 avril 2022.
- Thuillas, Olivier, et Louis Wiart. « Amazon et Google face aux pouvoirs publics dans la filière du livre : la diversité culturelle en trompe l’œil ? » Les Enjeux de l’information et de la communication, vol. 222, no 22, 2021, p. 37‑49. www.cairn.info, https://www.cairn.info/revue-les-enjeux-de-l-information-et-de-la-communication-2021-22-page-37.htm.